Investir dans la formation est une réponse essentielle aux défis actuels et futurs. La norme SAQ constitue une opportunité de renforcer la compétitivité de la Place.
Toute personne familiarisée avec les péripéties traversées par la Place financière suisse cette dernière décennie peut évoquer le tsunami réglementaire qui s’est abattu sur cette industrie. Les observateurs avisés n’ignorent rien du changement de paradigme intervenu dans le domaine de la fiscalité avec l’entrée en vigueur de l’échange automatique de renseignements (EAR). La déferlante du numérique dans le secteur financier saute également aux yeux.
Une révolution tout aussi profonde a touché le domaine de la formation. Mais sa résonnance auprès du grand public a été plus faible. Son impact sur les établissements bancaires, d’une part, ainsi que sur les collaboratrices et les collaborateurs bancaires, d’autre part, s’est néanmoins avéré majeur.
Il aurait d’ailleurs été étonnant que les bouleversements réglementaires, fiscaux et technologiques évoqués plus haut soient restés sans conséquences pour les forces de travail qui constituent le cœur de la Place financière.
Le monde de la formation, de l’apprentissage à la recherche fondamentale, en passant par la formation continue, traverse ainsi une période d’innovation intense. L’adoption d’un standard commun en matière de certification des conseillers à la clientèle permet d’illustrer ce phénomène.
La genèse : 2012-2014
Une incursion dans le passé permet de mieux saisir la conjonction de facteurs qui ont conduit à l’élaboration d’un référentiel valable pour toute la profession.
Comme souvent, l’impulsion initiale est venue de l’autorité de surveillance, toujours prompte à envisager de nouveaux préceptes. En février 2012, la FINMA a publié un « Document de position » sur les règles applicables à la distribution. Elle a notamment préconisé la mise sur pied d’une certification professionnelle et d’une formation continue obligatoires pour les conseillers à la clientèle.
Près de deux ans plus tard, en juillet 2014, la Directive européenne MiFID II est entrée en vigueur. Cette législation a pour but de renforcer la protection du client et d’améliorer les règles de conduite des affaires. Ces nouvelles règles impliquent aussi des exigences élevées en matière de qualification professionnelle et de formation continue des conseillers financiers.
A cette époque déjà, certains établissements financiers suisses, dont les grandes banques, ont conçu et mis en œuvre des systèmes de certification « maison » destinés à leurs conseillers à la clientèle.
Elaboration d’une norme commune : 2015-2016
En 2014, l’idée de soumettre ces certifications à un standard unique fit son chemin. Le SECO désigna la société SAQ comme unique organisme officiel pour la certification ISO 17024 des conseillers financiers.
En collaboration avec les banques qui avaient déjà élaboré un cursus interne, SAQ construisit les référentiels de compétences correspondant aux différents métiers concernés et fixa les modalités d’évaluation. Fin 2015, les sept banques cantonales latines adoptèrent ce nouveau standard intitulé CWMA SAQ – ISO17024.
En décembre 2016, l’ASB a adressé à tous ses membres une recommandation visant à certifier les Conseillers à la clientèle dans le domaine de la gestion de fortune selon la norme SAQ précitée.
Offre de formation et de certification sur la Place genevoise
Ce rappel historique démontre que le secteur bancaire et financier est capable de se doter de règles efficaces fondées sur l’expérience pratique, largement préférables à un carcan législatif ou réglementaire éloigné des réalités du terrain.
Ainsi, Le nouveau référentiel de compétences propose 2 certifications CWMA (marché domestique et marché international) pour mieux tenir compte de la spécificité des banques actives à l’étranger. Ce choix s’avère en particulier judicieux pour la Place genevoise, largement orientée vers une clientèle de gestion de fortune internationale.
Cette certification s’est d’ailleurs rapidement imposée dans la profession. En 2017, de nombreux établissements ont lancé des projets de certification SAQ et déjà des centaines de conseillers sont certifiés à Genève.
A ce jour, la Suisse compte trois prestataires accrédités Il s’agit du groupe international Fitch, du Swiss Finance Institute ainsi que de l’Institut Supérieur de Formation Bancaire (ISFB). Ce dernier est localisé à Genève et propose des programmes de formation sur mesure pour préparer à la certification.
Il faut encore y ajouter les filières de formation et examens internes en vigueur notamment au sein des grandes banques et des banques cantonales latines, estampillés SAQ.
En conséquence, les modalités de certification sont certes identiques pour tous, mais les approches pour parvenir au but recherché restent spécifiques à chacun de ces acteurs, en fonction de son modèle d’affaires. Une telle solution différenciée permet d’éviter de mettre toutes les collaboratrices et collaborateurs dans le même moule, dont ressortirait une forme stéréotypée d’employé de banque.
Investir dans la formation est une réponse essentielle aux défis actuels et futurs. Ce domaine est plus que jamais en constante évolution, notamment en raison des nouvelles réglementations. Il s’agit donc de faire preuve d’innovation. La norme SAQ présentée ci-dessous en fait partie. Elle constitue une opportunité de certifier les compétences des conseillers à la clientèle en matière de gestion de fortune et de renforcer par ce biais la compétitivité de la Place en comparaison internationale.
Opinion publiée dans "Le Temps" - 16 octobre 2017