A l’occasion de la soirée du lancement du livre « Le monde change, la finance innove » par l’association Sustainable Finance Geneva (SFG) le 25 septembre 2017, l’occasion m’a été donnée de m’exprimer sur la contribution de la place financière genevoise à la finance durable et sur les deux innovations qui m’ont le plus marqué dans cet ouvrage.
La thématique du développement durable gagne en importance tant au niveau national qu’international. En 2016, le G20 a institué pour la première fois un groupe d’étude chargé d’examiner les questions liées à l’économie verte. Parallèlement, le Conseil de la stabilité financière et le Fonds monétaire international mènent une analyse au sujet de l’impact que les changements climatiques pourraient exercer sur la stabilité des marchés financiers.
En Suisse, le Conseil fédéral a défini en février 2016 les principes d’une politique cohérente des marchés financiers qui prend en compte la dimension écologique du développement durable.
Selon une étude de l’association Swiss Sustainable Finance, la place financière helvétique génère 30% des investissements durables dans le monde. Or, depuis 10 ans, ces derniers connaissent une croissance annualisée de 24%. Pionnière des fonds de micro-finance, notre pays est le leader du secteur au niveau mondial avec 38% des investissements.
A Genève, la finance durable participe à la diversité de la place financière et figure au cœur des préoccupations de ses acteurs. Au même titre que la FinTech, elle fait partie des nouvelles pistes à explorer.
Depuis près de 20 ans, de nombreux intermédiaires financiers se sont tournés vers des stratégies d’investissements responsables. La majorité des établissements bancaires a ainsi signé les principes de gestion responsable des Nations Unies. Cet engouement s’explique par la variété des critères de mise en œuvre qui peuvent s’adapter à plusieurs stratégies d’investissement.
Ces solutions attractives permettent de faire venir à Genève des compétences nouvelles et complémentaires. La finance durable constitue non seulement un relais de croissance important, mais aussi un vecteur de différenciation avec les autres Places. La présence d’organisations internationales actives dans ce domaine contribue également à positionner Genève comme un hub de la finance durable.
L’ouvrage du SFG donne un éclairage précieux et montre que le potentiel de la finance durable n’a pas encore été pleinement exploité.
Du côté de la Place financière, le principal défi consiste à miser à la fois sur la distribution et la production des produits liés à l’investissement durable. La formation joue aussi un rôle important dans la concrétisation de cette stratégie.
Plus que jamais, l’un des enjeux est de répondre aux exigences de la nouvelle génération d’investisseurs plus encline à souscrire des produits financiers durables que les « baby-boomers ».
J’ai été frappé par la diversité des 60 innovations présentées dans ce livre et relève qu’un point commun les unit : toutes visent un impact positif sur la société ou sur l’environnement. Elles sont donc non seulement au bénéfice de l’économie mais aussi de tout à chacun.
Deux d’entre elles m’ont interpelé. D’une part, le « portfolio check » proposé par la société genevoise Conser et, d’autre part, l’utilisation de la blockchain afin de moderniser l’exercice du droit de vote.
Tout le monde a déjà vu ces fameuses étiquettes énergétiques estampillées A++ destinées à permettre aux consommateurs de faire un choix simple et rapide lors de l’achat d’un appareil électrique ou d’un véhicule. La société genevoise Conser a eu la bonne idée de transférer cette technologie sur les portefeuilles d’investissement. Le « portfolio check » évalue, en ligne, la note moyenne du portefeuille en matière de durabilité. C’est la simplicité et l’accessibilité de cette innovation qui m’ont séduit. Le fait qu’elle ait été réalisée par une entreprise genevoise n’en est que plus remarquable.
La seconde innovation qui a éveillé mon intérêt est liée à la blockchain. Pour les non-initiés, cette technologie ressemble à une boîte de Pandore : elle semble prometteuse mais son impact demeure imprévisible.
La société américaine Broadridge a récemment testé le vote actionnarial en ligne, basé sur la blockchain. L’actionnaire fait face à de nombreuses contraintes administratives lors de l’exercice de son droit de vote. Grâce à cette innovation, celui-ci est plus rapide, plus transparent et entièrement sécurisé. Le protocole blockchain contribue ainsi à augmenter le taux de participation. On comprend rapidement le potentiel de cette technologie qui pourrait tout aussi bien s’appliquer au vote démocratique.
En conclusion, tout porte à croire que les ramifications de la finance durable sont de plus en plus étendues. Or, la Suisse est le siège de quelque 220 entreprises et organisations actives dans ce secteur. Tous ces atouts offrent à Genève la possibilité d’occuper une place de choix dans cet écosystème prometteur.
Opinion publiée dans "L'Agefi" - 26 septembre 2017