Mercredi 04 Novembre 2015

"La formation professionnelle continue est primordiale dans la finance"

Antonio Palma, membre du Conseil de la Fondation Genève Place Financière (FGPF) fait le point dans la "Tribune de Genève" sur la situation de l’emploi dans le secteur et présente les métiers d’avenir à saisir dans les domaines de la fiscalité, de la gestion des risques et du compliance, des postes qui exigent des compétences très pointues et une grande flexibilité.

Interview conduite par Manon Todesco pour la "Tribune de Genève" - 4 novembre 2015

En termes d’emploi, on enregistre une baisse dans le secteur bancaire. Est-ce inquiétant?

Antonio Palma: Sur les dix dernières années, l'emploi dans le secteur bancaire est stable. Mais il est vrai que depuis un an, on note une baisse de 3%, et pour cause, en une décennie, nous avons perdu vingt établissements. Cela s'explique par le développement des banques à l'international afin d'accéder aux marchés étrangers, qui va créer une délocalisation d'une partie des forces de travail.

Les banques ont suffisamment de créativité, de crédibilité et d'expérience en Suisse et à Genève pour maintenir une certaine offre d'emploi.

Justement, quelles sont les opportunités à saisir en 2015?

Notre dernière enquête conjoncturelle montre que les profils recherchés évoluent en lien avec les nouvelles exigences législatives qui s'imposent au secteur. La fiscalité, la gestion des risques ainsi que le compliance (l’officier de conformité, en français, est chargé de s'assurer du respect de la réglementation financière et des procédures internes) sont très en vogue. Ce sont des postes hautement qualifiés qui nécessitent des compétences juridiques et financières très pointues.

Quelles qualités doivent être mises en avant?

Il faut être mobile géographiquement mais aussi flexible au niveau de l'emploi qui évolue énormément. Il faut aussi être multilingue, savoir échanger et avoir un réseau. Le goût d'apprendre, de lire et de se former est fondamental. Enfin, nous avons besoin de personnes ouvertes aux autres cultures et flexibles, mais surtout très motivées.

A l'inverse, les tâches de back office ont moins la côte…

Ces postes ont clairement tendance à baisser depuis des années. On a industrialisé la banque et ses processus grâce à des informaticiens experts dans la programmation et la banque digitale, ce qui a permis d'augmenter les volumes d'activité en conservant le même nombre d'employés.

Comment se positionne la FGPF en matière de formation?

La FGPF a toujours considéré la formation comme la clé de la réussite.

Notre mission est de nous assurer que l'offre de formation est complète. Nous agissons en tant qu'intermédiaire: la FGPF identifie les besoins des établissements et fait en sorte qu'une solution soit trouvée avec les autorités du canton et les établissements de formation, de la place d'apprentissage à la recherche universitaire en passant par la formation continue. Si la filière n'existe pas, nous donnons l'impulsion pour qu'elle soit créée.

Jugez-vous la formation bancaire satisfaisante à Genève?

L'employabilité est capitale car nous devons être en mesure de fournir des services de qualité à nos clients du monde entier. Aujourd'hui, on est formé correctement à Genève, mais on ne peut pas être formé sur tout. C'est pourquoi il est important d'arriver avec une bonne base, et l'essentielle de la formation se fera à l'interne, à la carte, par des experts du terrain. La formation continue est primordiale dans la finance. Tout va tellement vite que le secteur doit se mettre à jour sans cesse: on ne fait jamais plus de cinq ans la même chose, les collaborateurs sont donc accompagnés dans leur évolution et sont constamment formés, sur des périodes plus courtes mais plus fréquentes.

 

Interview d'Antonio Palma Membre du Conseil de la FGPF