Jeudi 15 Septembre 2016

L’innovation : ancrée dans l’ADN de la place financière genevoise

Investir dans l’innovation constitue la meilleure réponse à apporter aux défis actuels

Le secteur bancaire helvétique a connu de profondes mutations ces dernières années, provoquées par une vague réglementaire sans précédent et une concurrence féroce entre places financières dans un monde globalisé.

Ce changement de paradigme déploie des effets concrets : une récente étude de KPMG montre que 10% des banques privées suisses n’ont pas survécu en 2015. Le cabinet de conseil estime que les établissements en place doivent revoir en profondeur leur offre de prestations afin d’apporter une plus-value additionnelle à leurs clients. A ses yeux, trop d’acteurs financiers travaillent encore avec d’anciens systèmes qui ne permettent pas de percer avec succès dans l’activité bancaire numérique.

Dans ce contexte, deux attitudes s’offrent aux établissements de la Place : ils peuvent soit se complaire dans un défaitisme résigné soit, au contraire, prendre le taureau par les cornes et choisir l’innovation comme priorité stratégique.


L’innovation bancaire peut prendre plusieurs formes

L’innovation dans le secteur bancaire s’avère multiforme. Elle peut porter sur la palette des services visant à créer une nouvelle approche de la relation avec le client. Elle passe par une modification des processus permettant de mieux maîtriser les coûts. Elle peut même aller jusqu’à une modification, voire une refonte en profondeur du modèle d’affaires.

L’innovation ainsi définie doit être modulée afin de permettre une assimilation du cocktail explosif composé de contraintes réglementaires, d’exigences accrues d’une nouvelle génération de clients de plus en plus connectés, et de conditions de marché difficiles, entre franc fort et taux négatifs.


Pour relever ce défi, la place financière genevoise possède de nombreux atouts.

Tout d’abord, elle dispose de compétences de premier plan dans les ressources humaines. Ses banques peuvent compter sur des collaborateurs bien formés, plurilingues et à l’écoute des besoins des clients. Ce savoir-faire a fait de Genève le leader mondial de la gestion de fortune. L’innovation doit en premier lieu porter sur la formation, des connaissances de base, en passant par la recherche universitaire et la formation continue.  Les exigences contenues dans la future Loi sur les services financiers (LSFin) représentent un premier test en la matière.

En second lieu, la Place genevoise n’est pas en reste dans le domaine des FinTechs. A l’ère du
« Big data », Genève se distingue en particulier par ses infrastructures et son expérience dans la gestion des données. La Haute Ecole de Lucerne a dénombré 13 sociétés actives dans les Fintech à Genève. Le premier incubateur Fintech a d’ailleurs vu le jour dans la Cité de Calvin. Cet écosystème place Genève dans le peloton de tête de l’innovation technologique en matière bancaire et financière.

Ce n’est donc pas un hasard si Palexpo accueillera SIBOS, le plus grand salon financier de la planète, du 26 au 29 septembre et hébergera à cette occasion une « Swiss Lounge » dédiée aux start-ups, vitrine du savoir-faire helvétique et genevois.


La réglementation doit encourager l’innovation

En ce qui concerne plus spécifiquement les produits et les services, la Suisse a encore une marge de progression dans l’innovation en lien avec l’asset management.

Les principales places financières concurrentes disposent déjà d’un cadre légal adapté pour encourager le développement de ce secteur. En Suisse, l’accent doit être mis sur la possibilité de créer de nouveaux produits et sur la capacité d’exportation vers les marchés étrangers.

Dans ce domaine, encore plus que dans d’autres, l’innovation implique une libre circulation des talents, des idées et des cerveaux. Il faut lever les incertitudes générées par l’Initiative contre l’immigration de masse, acceptée le 9 février 2014.

Pour ce qui est des FinTechs, les autorités politiques et administratives sont incitées à continuer de fournir une impulsion réglementaire déterminée. Le Conseil fédéral vient d’adopter sa « Stratégie Suisse numérique », prônant une collaboration étroite entre tous les secteurs économiques. De son côté, la FINMA a pris conscience de l’importance croissante des technologies avec sa proposition de « licence light » qui autorise l’identification des clients en ligne ou par video.

C’est dans les périodes économiques difficiles que les entreprises les plus compétitives doivent anticiper les nouvelles tendances et innover. Grâce à l’engagement des acteurs bancaires et à des conditions-cadres favorables, la place financière genevoise est à même de faire de l’innovation sa marque de fabrique.

Opinion publiée dans le hors-série "Journée des banquiers" du "Temps" - 15 septembre 2016

Yves Mirabaud Président de la Fondation Genève Place Financière