Monday 02 November 2015

Formation : le ciment de la place financière

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La place financière genevoise est une place internationale. Elle a de la chance de regrouper des activités très variées allant de la banque de détail au commerce de matières premières en passant par la gestion de fortunes. Cette variété lui permet d’avoir une taille critique et avec une certaine notoriété. Pour pouvoir se mesurer à ses concurrentes, plus grandes et plus fortes, elle n’a qu’une voie possible : celle de la spécialisation et de l’innovation. Ceci implique une qualité sans faille que seuls des collaborateurs bien formés sont à même de livrer.

C’est pourquoi, la Fondation Genève Place Financière (FGPF) a inscrit la formation très haut dans la liste de ses priorités. Même si elle ne joue pas elle-même le rôle de formateur elle veille à ce que l’offre réponde aux exigences concrètes du terrain. C’est un large spectre qu’elle couvre : de l’apprentissage à la recherche fondamentale.

L’apprentissage: une voie à favoriser

La filière de l’apprentissage a largement contribué au succès économique de la Suisse et fait l’objet d’une grande admiration à l’étranger. Or, à Genève, seuls 5% des élèves quittant le Cycle d’orientation empruntent directement cette voie. Cette formation mérite d’être mieux valorisée. C’est pourquoi la FGPF salue le Plan d’action du Département genevois de l’instruction publique (DIP). Ce plan prend en compte les demandes formulées par le secteur bancaire, soit en particulier un allègement des démarches administratives et une meilleure adéquation aux besoins des entreprises. La création d’un CFC bilingue français-anglais à la rentrée 2015, soutenu par les banques de la Place, constitue une illustration des pistes à favoriser. Les efforts déployés en la matière sont payants. En effet, à l’heure actuelle, 90% des apprentissages achevés avec succès débouchent sur une place de travail fixe dans le secteur bancaire. Pour montrer son attachement à cette filière, la FGPF tiendra un stand à la Cité des Métiers du 3 au 8 novembre 2015.

Tous ces éléments démontrent l’évidente nécessité pour Genève de demeurer une place de référence de l’apprentissage bancaire et de disposer des moyens nécessaires à cette formation.

Formation universitaire:
vers un renforcement du partenariat public-privé

La réputation de l’Université de Genève n’est plus à faire. Elle occupe le 58ème rang dans le classement de référence établi par l’Institut Jiatong de Shangai. Afin de renforcer encore le dynamisme de l’Alma Mater, le nouveau Recteur a exprimé dès son entrée en fonction sa volonté de collaborer plus étroitement avec le secteur privé, ce dont la FGPF ne peut que se réjouir. Relevons au passage que dans certains domaines les liens entre l’Université et la place financière existent de longue date. On peut citer en particulier le Centre de droit Bancaire et Financier ainsi que le Global Finance Research Institute (GFRI). Plus récemment, l’Institut suisse de recherche sur les matières premières a vu le jour à Genève, reflet d’une prise de conscience de l’importance pour tout l’Arc lémanique du secteur du négoce de matières premières..

Formation continue:
une responsabilité entrepreneuriale

Le fait de recruter les meilleurs talents ne suffit pas pour assurer le succès d’un établissement bancaire ou financier. L’excellence est une notion qui se cultive tout au long d’une carrière. La formation continue permet de maintenir à jour les connaissances des collaboratrices et des collaborateurs. Elle peut prendre les formes les plus diverses : formation dans des instituts spécialisés ou en interne, en ex cathedra ou par e-learning. Toutefois une tendance claire se dégage : l’industrie attend des formations courtes, souvent à la carte, qui font appel à des formateurs issus du terrain, mieux au fait des nouvelles technologies et des réglementations en vigueur et à venir.

Formation et expérience à l’étranger:
un apport vital

Genève se situe au 13ème rang des places financières globales selon le classement publié tous les six mois par un Think tank britannique. Or, la compétitivité de la place financière genevoise dépend de sa capacité à attirer et à conserver des collaborateurs de talent. Pour atteindre ce but,  l’industrie doit non seulement compter sur le vivier local, de très haut niveau, mais également recruter  les meilleurs éléments, où qu’ils se trouvent sur la planète. De par sa vocation internationale, la place genevoise a tout à gagner de l’apport de ces collaboratrices et collaborateurs qui ont acquis une formation et une expérience à l’étranger. La quête de ces talents d’envergure mondiale a pris une tournure délicate suite à la votation du 9 février 2014 sur « l’immigration de masse ». Il faudra trouver une solution pragmatique pour leur permettre un accès sans encombre à notre secteur d’activité. Il en va de la prospérité du canton. 

En conclusion, la FGPF est convaincue que la formation, sous toutes ses facettes, est l’une des clés du succès de la place financière genevoise. Le facteur humain est effectivement garant de la solidité de tout l’édifice. Mais pour affronter les défis présents et futurs, le monde de la formation, de l’apprentissage aux études universitaires, en passant par la formation continue, doit faire preuve d’une agilité de tous les instants face à un secteur économique en constante mutation. Il s’agit non seulement de s’adapter en continu aux besoins de la branche, mais surtout de les anticiper.

Opinion publiée dans "Le Temps"  - 2 novembre 2015

 

Nicolas Pictet Président de la FGPF